Pierre Klein
Rouille et bois
En québécois, il y a un mot qui décrit exactement ce que je fais, ce que je suis : « ramasseux ».
Depuis des années, je me promène sur les grèves et les berges, dans les champs et les collines, souvent le nez en l’air, bien sûr, mais souvent aussi l’œil attiré par l’une ou l’autre forme qui me frappe la rétine. Par l’un ou l’autre objet —ou fragment— qui fait partie du décor mais qui, en même temps, lui est étranger.
Petits morceaux de verre roulés dans le sable et les galets, tout d’abord. Ramassés sous toutes les latitudes et accumulés par centaines, milliers, sans projet particulier.
Bois flottés, ensuite, branches stylisées, mais aussi morceaux de planches grisées au soleil, peinture écaillée. Puis pièces de métal mordues par la rouille, parfois au point de ne plus en reconnaître les contours.
La texture et les nouveaux contours de ces objets, de ces déchets parfois, m’ont séduit. Beauté de la dégradation.
Ca a été comme une impulsion, l’idée de proposer à ces branches, ces planches, ces outils et ces clous une pause sur la voie de la désagrégation, de l’anéantissement. L’illumination de voir comment ils se combinaient dans des compositions inattendues.
http://piklein.wixsite.com/rouillebois